21 décembre 2012

Attention : ce blog change d'adresse !


Vous pourrez me retrouver désormais sur patrickmottard.wordpress.com


Pour des raisons de commodités techniques et de compatibilité avec le blog de Dominique, mon blog a basculé de Blogspot à Wordpress. Ce changement n’est que pratique et n’affectera pas le style et la philosophie d’un blog qui a déjà sept années d’existence, 1137 billets (avec celui-ci) environ 10 000 commentaires et plus de 600 000 visites.

Il ne s’agit donc pas d’un nouveau blog, mais d’un transfert : tous les articles et leurs commentaires sont déplacés et vous aurez la possibilité de vous y abonner.

Pour autant, ce blog-ci reste pour l’instant en ligne (mais les commentaires seront fermés) car je n’ai pas encore trouvé le moyen de modifier les liens internes des anciens billets et donc, quand on clique dessus, ils renvoient toujours sur blogspot. D’ailleurs, si quelqu’un peut m’expliquer comment modifier les permaliens, qu’il ne se gêne pas ! Toutes les infos que j’ai pu glaner sur le Net se sont avérées non opérationnelles.

En attendant, je vous donne rendez-vous sur Wordpress dès maintenant pour un "coup de gueule" bien mérité.

19 décembre 2012

Le temps des recours



 Depuis quelques mois, on assiste à une multiplication de mobilisation citoyenne contre certains projets de la municipalité niçoise.

Sur ce blog, par exemple, je me suis largement exprimé sur la question de l’avenir des terrains libérés du stade du Ray (ce fut même l’objet de ma carte de vœux 2012). Sur deux autres dossiers particulièrement brûlants, il se trouve que ces derniers jours, je viens de prendre des initiatives.

- Avec Marc Concas (il est le conseiller général du futur terminal), j’ai déposé un REP (recours pour excès de pouvoir) devant le tribunal administratif contre la ligne ouest-est du tram imposée par la Métropole. Il s’agit, à la fois, de tirer la sonnette d’alarme sur le coût financier pharaonique du projet tout en mettant en avant le principe de précaution (absence d’études géologiques, hydrogéologiques et sismiques). En affirmant, au final, que le bilan coût-avantage de l’opération est terriblement disproportionné. Ceux qui veulent en savoir plus peuvent lire… les 45 pages de notre recours sur le site de Marc.

- Avec Patrick Allemand (la Région PACA est impliquée financièrement dans le projet), j’ai exprimé mon désaccord sur l’opération Trachel-Bensa dite de « rénovation du Centre Ville », en déposant un dire commun dans le cadre de la consultation publique au CAL Notre-Dame. Ce dire reprend l’essentiel de ce que j’explique depuis septembre sur ce blog (Les indignés du 42 Bis, Les états généraux du square Jeanpierre, Du Ray à Trachel, les citoyens proposent) et qui est désormais affirmé par plus de 1700 citoyens de ces quartiers.

Un recours avec Marc, un dire commun avec Patrick : incontestablement je suis très œcuménique. Un peu comme si, UMP, je travaillais en même temps avec Fillon et Copé… En fin d’année, j’ai l’esprit taquin, ne m’en veuillez pas !

16 décembre 2012

Gas



Les hasards de la vie universitaire me conduisent cette année, de temps en temps, du côté de Menton. Après quatre heures de cours, la nuit est déjà tombée quand je reprends la route ou plutôt l’autoroute pour rentrer sur Nice.

Rituellement, je m’arrête quelques minutes pour décompresser sur la dernière aire un peu avant La Turbie. Et là, immanquablement, l’image de cette banale station Esso et de sa supérette me plonge dans l’atmosphère un peu irréelle de l’œuvre d’Edward Hopper « Gas », croisée il y a quelques années au MoMA de New York. Autre époque (le tableau date de 1940), autre lieu (la Nouvelle-Angleterre), mais l’émotion est la même. Le paradoxe étant que l’onirisme discret qui se dégage de la scène vécue comme de la peinture trouve ses racines dans la banalité de bâtiments sans grâce et d’objets inesthétiques en soi émergeant d’une obscurité indéfinie.

Il ne s’agit pas de sublimer le banal mais de se rappeler que l’extraordinaire est au cœur de l’ordinaire et que ce dernier n’a rien à voir avec le connu. Ce que Stanley Cavell appelle « l’inquiétante étrangeté de l’ordinaire ». Une inquiétude féconde. Alors, pourquoi ne pas plonger ? de temps en temps.


13 décembre 2012

Au nom du groupe…


Avec Françoise Polvèche de RBA
Aujourd’hui, je représentais le groupe Socialiste, Radical et Ecologiste du Conseil général 06 dans le débat budgétaire pour 2013.

C’est un exercice de style assez technique même si, au final, il est très politique, dans la mesure où la tradition transforme les échanges en un quasi débat de politique générale.  C’est aussi que, cette année, j’ai insisté tout particulièrement sur les conditions d’application du RSA et le lancement de la procédure des emplois d’avenir.

Voici l’intégralité de mon intervention.

 ********

Monsieur le Président,

Je n’ai pas l’habitude d’utiliser cette tribune pour évoquer la politique nationale. Si je me permets une légère entorse à cette règle aujourd’hui, c’est que votre discours introductif était outré et, c’est un euphémisme, quelque peu caricatural.

Mais, à vrai dire, je n’ai pas été vraiment surpris par votre ton. J’ai moi-même vécu quelques guerres civiles à l’intérieur de ma famille politique. Dans ces cas-là, il faut être pur et dur, plus à gauche ou plus à droite que le camp d’en face. Il vous faut donc être un super opposant. Mais gageons, ou en tout cas espérons, que le combat Fillon-Copé enfin achevé, vous retrouverez un propos plus conforme à la réalité.

Passons au budget. Premier constat : avec les effets cumulés de la crise et de la création de la métropole, nous avons, avec 1 304 millions d’euros, le budget le plus faible depuis 2007, ce qui traduit une perte d’influence de notre institution.

Deux remarques préalables :

- Tout d’abord, pour la clarté de nos débats et afin d’éviter une prolongation nationale à nos prises de bec corréziennes, il convient d’acter que le temps électoral ne correspond pas tout à fait à celui des finances publiques. Donc, pour cette année, pour le meilleur et souvent pour le pire, la politique de l’Etat reste largement impactée par les options et les choix de la précédente équipe gouvernementale. Ce n’est que l’année prochaine qu’on pourra juger la politique du gouvernement actuel, même si, n’en doutons pas, les politiques passées – je pense notamment au désengagement de l’Etat – continueront à peser longtemps encore.

- Deuxième remarque : vous revendiquez la stabilité de la fiscalité départementale ce qui est à la fois une affirmation techniquement juste et une donnée très relative. En effet, la taxe foncière sur les propriétés bâties est désormais la seule imposition sur laquelle notre assemblée peut agir. Avec 240 millions, celle-ci ne représente plus que 55% du panier fiscal et 20% de nos recettes. Nous n’avons plus qu’un budget à gérer, la perte d’autonomie engendrée par la réforme fiscale du précédent gouvernement est patente. Il sera important dans les années à venir de redonner de l’oxygène à la démocratie locale.

Notons également que cette perte d’autonomie a été chez nous aggravée par la création de la métropole. Avec 60,6 millions d’euros de compensation, ce sont désormais 4,6% du budget qui échappent à notre contrôle : plus que la politique « Développement, Infrastructures », à peu près les 2/3 de la politique « Action éducative » qui fait pourtant partie du noyau dur de nos compétences.

Examinons maintenant le budget qui nous est proposé :

1. Sur le plan des recettes, vous reconnaissez pour les DMTO une prévision trop optimiste pour 2012 (353 millions au lieu de 320 millions de recettes projetées à ce jour) tout en ayant pour 2013 une évaluation assez timide, dans la mesure où vous proposez de reconduire ce dernier montant. Or, comme l’a rappelé notre ami Jean-Raymond Vinciguerra lors du Débat d’orientation budgétaire : « Chaque année d’élection majeure, on constate une baisse des mutations immobilières ; une fois passée la période d’incertitude électorale, les affaires reprennent quel que soit le résultat de l’élection. »

Un esprit mal intentionné pourrait voir, dans cette prévision timide, un manque de confiance de votre part dans la politique du nouveau gouvernement. Mais cela, bien sûr, je ne veux pas le croire.

En ce qui concerne la dette, votre prévision d’emprunt est très légèrement en deçà de celle de 2012 (85 millions contre 85,3), ce qui est logique compte tenu des faibles perspectives d’investissement. Mais si on met cette prévision d’emprunt en perspective avec l’annuité de la dette prévue pour 2013 (86,1 millions dont 53,1 millions de remboursement de capital), un rapide calcul montre que le désendettement n’est pas pour demain.

2. Côté dépenses, nous sommes particulièrement attentifs à notre cœur de compétences, à savoir la solidarité, à travers le social et l’éducation.

- En ce qui concerne l’action sociale, cette compétence mobilisera 515,1 millions de crédits dont 505,5 en section de fonctionnement et 9,6 en investissement. Ce budget est en augmentation de 2,1% par rapport au BP 2012 et représente désormais près de 54% des dépenses de fonctionnement de notre collectivité. Si nous pouvons acter que l’essentiel a été préservé, cette orientation plutôt positive appelle quand même de sérieuses nuances.

Tout d’abord, cette augmentation n’est pas que le fruit d’un volontarisme politique sans faille. Elle est celui d’une crise qui nous oblige à intervenir plus et plus fort dans des domaines où nos compétences sont liées.

Par ailleurs, sans entrer ici dans le détail  – nous y reviendrons au fil de l’examen des rapports – nombreuses sont les situations critiques pour nos personnels ou nos partenaires. Je pense notamment – mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres – au Foyer de l’Enfance, dont l’activité est fortement impactée par l’arrivée massive de mineurs étrangers et qui, de fait, a besoin de moyens supplémentaires. Je pense aussi aux associations de prévention spécialisée qui connaissent de grandes difficultés financières.

Mais c’est sur le RSA que je souhaiterais mettre l’accent. Les crédits inscrits sont en progression de 3%. Ceux qui sont alloués aux dépenses de l’allocation s’élèvent à 110 millions et sont en progression de près de 7% ce qui, compte tenu de la dégradation de la situation économique, n’est pas étonnant. Voilà le cas typique où nous n’avons pas le choix.

Mais malgré cette augmentation, peut-on dire pour autant que notre collectivité et, plus généralement, la puissance publique, remplissent leur mission en matière de RSA ? Certainement pas. En effet, des études récentes démontrent que 33% des personnes éligibles au RSA socle ne le touchent pas, faute d’en avoir fait la demande. Les raisons ? La complexité des dossiers, l’inadaptation de certaines prestations, ou la peur d’être montré du doigt. Le taux de non recours atteint même 68% pour le RSA activité qui était pourtant – et pas la plus mauvaise – une réforme phare du gouvernement précédent. Quant au RSA jeune, c’est très clairement un échec, avec moins de 9 000 bénéficiaires sur les 130 000 escomptés.

Dans le document de présentation, vous rappelez que la lutte contre la fraude reste prioritaire. Pour ma part, je fais partie de cette gauche décomplexée qui estime que la fraude doit être poursuivie pour des raisons financières mais surtout et avant tout pour des raisons liées à la morale civique. Mais, en se focalisant sur ce seul problème, vous passez à côté de l’essentiel : notre collectivité – entre autres je vous l’accorde – n’assume pas sa mission de solidarité vis-à-vis d’une grande partie des personnes pauvres éligibles aux minima sociaux. Au moment où le gouvernement a décidé de prendre une série de mesures pour faciliter et simplifier leurs démarches, notre assemblée s’honorerait en réfléchissant à des procédures de simplification et de pédagogie qui permettraient à la situation de s’améliorer et à la loi républicaine d’être pleinement appliquée.

Enfin, n’oublions pas que l’échec du RSA jeune ne fait que mettre en lumière le taux de pauvreté des 18-24 ans qui atteint désormais 22,5%. Depuis 2004, il a progressé de 5 points. Au total, plus d’un million de jeunes sont confrontés à une situation de grande précarité. Les emplois d’avenir récemment mis en place peuvent apporter un début de réponse à ce fléau. Dans les Alpes-Maritimes, le dispositif va concerner, en 2013 (dans un premier temps), 1 107 jeunes. Il serait important que notre collectivité s’implique. Le document est muet à ce sujet mais peut-être est-ce une question de calendrier ? Aussi je vous pose la question, Monsieur le Président : quels sont les engagements que vous comptez prendre en la matière ?

- Autre secteur faisant partie du noyau dur de nos compétences : l’éducation et les collèges. Là, nous sommes loin du compte. La mission Education, qui regroupe aussi le sport et la culture, est en baisse de 17%  (98 millions contre 117,7 par rapport à 2012). En 2008, elle représentait encore 11% du budget total ; aujourd’hui nous n’en sommes qu’à 7,5%. Un budget qui a diminué, pendant la même période, de 53,9 millions et de 35%.

Si nous prenons les chiffres de la DGCL, les Alpes-Maritimes consacrent 29 euros par habitant aux dépenses d’investissement des collèges, alors que la moyenne des départements de notre strate est de 40 euros par habitant, ce qui nous situe à la 17e place sur 22. Incontestablement un effort quantitatif est à faire en la matière… Quantitatif car, qualitativement, nos services sont, par leur technicité et leur réactivité, particulièrement performants en matière de collèges, j’ai pu le vérifier en de nombreuses circonstances.

- Enfin, toujours en matière de solidarité, et même si nous ne sommes plus dans une compétence obligatoire du Conseil général, on peut regretter l’extrême modestie du budget Logement, alors que dans notre département, la part de revenu consacrée au loyer, une fois prises en compte les allocations logement, est la plus élevée de France (25,3% contre un taux d’effort moyen de 18,5%). Bien que le recul par rapport à l’année dernière soit faible, il s’inscrit dans un retrait fort depuis quatre ans. Nous sommes loin de la politique volontariste affichée il y a quelques années.

- Pour terminer, il convient de noter la baisse importante de nos investissements. Avec 200 millions, ils ne représentent plus que 15% de notre budget. En 2007, avec 402 millions, ils représentaient 31%. Depuis, la baisse est continue. Notons parallèlement, que la moyenne d’investissement des départements millionnaires est de à 320 millions. Ce chiffre est préoccupant et traduit un faible dynamisme de notre collectivité surtout si nous considérons que, sur cette somme, seuls 50% correspondent à des opérations portées en maîtrise d’ouvrage départementale. Ce qui fait seulement 100 millions (7,5% du total) d’investissements départementaux.


Pour cette raison, et parce que ce budget n’est qu’une réponse imparfaite aux besoins de solidarité de notre département, le « groupe socialiste, radical et écologiste » émettra un vote négatif. Même si nous avons conscience, par ce que nous sommes justes, que la crise et les politiques initiées antérieurement réduisent considérablement votre marge de manœuvre.


10 décembre 2012

Gangnam style et Lucie attitude




Dire que mon dernier samedi fut éclectique au possible est un euphémisme.

Ainsi, le matin, après un petit-déjeuner pan bagnat chez Tintin place de la Libé, j’assiste au flashmob de mes étudiants de LEA sur le clip de Psy, place gauthier, dans le cadre du Téléthon. Avec Elodie et Margaux en Véronique et Davina du 21e siècle, Dounia, Deborah, Christopher, Agathe, Claire et leurs amis ont affirmé la solidarité des étudiants de Nice avec la cause humanitaire du jour. Tout en admirant la démonstration, le prof s’est félicité d’avoir eu la bonne idée de se transformer en photographe, histoire de décourager toute tentative d’enrôlement dans la performance endiablée.

En début de soirée, changement de décor. Je me retrouve dans la procession aux lampions de la Sainte Lucie, le long de la montée Claire Virenque. Il s’agit de participer à la fête des lumières avec la colonie suédoise de la ville et l’association Colline Saint Barthélemy – Le Prieuré.

Le point d’orgue de la soirée sera un concert dans l’église du quartier particulièrement appréciée par Dominique (dont le deuxième prénom est… Lucie) puisqu’elle y effectua, il y a quelques années, sa confirmation. Plus tard, dans le cloître, ce sera le traditionnel glögg du réconfort.

Heureusement, nous serons rentrés à temps pour l’élection de Miss France…


07 décembre 2012

(Petite) poussée médiatique




En cette fin de semaine, au moins deux médias se sont intéressés au conseiller général du 5e canton de Nice.

Ainsi, l’Expansion de décembre, avec son numéro « Ceux qui ont le pouvoir à Nice » et France 3, à propos de l’organisation de primaires à Nice.


05 décembre 2012

Les revenants




Je ne suis pas un admirateur inconditionnel des séries maison de Canal +, loin de là. A l’exception peut-être de la première saison d’Engrenages et des saisons 1, 3, et 4 de Mafiosa, je les trouve souvent peu imaginatives et très suivistes par rapport à la production américaine de type HBO (pour moi, par exemple, Bracco, l’œuvre vedette de Canal, n’est que l’imitation un peu caricaturale du formidable The shield).

C’est pour cette raison, qu’après avoir vu quatre épisodes des huit de la première saison, la série Les revenants m’est apparue comme une très belle surprise.

Dans une ville de montagne (style Vallée de la Maurienne) dominée par un grand barrage, plusieurs personnes d’âges et de milieux différents, hagardes et désorientées, cherchent à rentrer chez elles. En fait, elles sont mortes depuis plusieurs années et n’ont pas physiquement vieilli. Bien sûr, personne ne les attend et, tout en essayant de reprendre une place qui n’existe plus dans la cité, ignorant que leur cas n’est pas unique, ils vont semer le trouble parmi les vivants.

Dans des décors désespérants et une atmosphère qui rappelle plus De beaux lendemains, le magnifique film d’Atom Egoyan d’après le roman de Russel Banks, que La nuit des morts-vivants, l’errance des revenants au milieu de ces vivants qui le sont si peu nous bouleverse. Peut-être parce que nous comprenons que l’incommunicabilité n’a pas besoin de la mort pour se dresser entre les humains et que les revenants ne sont qu’un prétexte pour révéler le mal être des vivants.

Bien sûr, d’aucuns diront que la série n’est pas très joyeuse et, en tout cas, dépourvue totalement d’humour. Objection repoussée : en ces temps de « rigolomanie » télévisuelle obligatoire, ça repose !

N.B. pour avoir une idée de l'atmosphère, rendez-vous sur le site de Canal + consacré à la série et baladez-vous dans la ville en 3D.

02 décembre 2012

L’enterrement, l’envoûtement


Deux soirées théâtrales en cette fin de semaine, deux soirées pourtant très différentes.

« L’enterrement », au Théâtre de Nice

Il s’agit en fait de la suite du formidable « Festen » joué dans le même théâtre il y a quelques années (Sophie Duez était encore actrice…) d’après un film danois de Thomas Vinterberg  qui avait fait forte impression au Festival de Cannes. Une pièce sur l’inceste où, à l’issue d’un repas de famille guindé, le pater familias était démasqué. « L’enterrement » est précisément celui du père indigne et, au cours de la réunion des proches assistant aux obsèques, on s’aperçoit que cette lourde histoire n’a pas laissée indemne la descendance du pédophile. On pouvait s’en douter.

Si ce n’est la curiosité de voir Caroline Proust, la fliquette boudeuse de la série de Canal + « Engrenages » piquer de jolies crises d’hystérie, ce Festen-le retour est assez vain avec une mise en scène grandiloquente et une distribution XXL sous-employée (Mélanie Doutey, Samuel Le Bihan, Mathilda May, Dominique Labourier).

Bénédicte Leturcq
« L’envoûtement », au Théâtre des Enfants du Paradis (Sophia Antipolis)

Cette pièce du dramaturge belge Jean-Pierre Dopagne, sur le thème du harcèlement et de la souffrance au travail est d’une grande subtilité doublée d’une grande cruauté : Marylène, fraîchement engagée dans une boîte d’événementiel, va tout faire pour évincer, avec une fausse ingénuité, Patricia, l’employée modèle depuis seize ans. 
Laure Gauffridy

Mise en scène avec effeicacité par Valérie D’Amodio, la pièce est drôle, très drôle. Mais le talent des actrices (Bénédicte Leturcq et Laure Gauffridy, épatantes) nous rappelle que « L’envoûtement » n’est pas qu’une pièce comique. Au-delà de la caricature affleure la critique sociale et là, bien sûr, le rire des spectateurs se fige.

En résumé : Envoûtement 1 – Enterrement 0. Le petit théâtre associatif l’emporte par KO sur le grand théâtre subventionné. Ce dernier nous doit une revanche.

29 novembre 2012

Du Ray à Trachel, les citoyens proposent



Lundi dernier, une grande mise en scène, intitulée « un peu » pompeusement « Les assises de la Proximité », a été organisée par la Municipalité avec, comme objectif, de vendre aux comités de quartier une dizaine de propositions aussi vagues et passe-partout que « Poursuivre la valorisation du patrimoine » ou « Favoriser l’offre de stationnement »… En fait, cette communication descendante est aux antipodes de la démocratie participative telle que je l’avais proposée aux Municipales de 2001 et de 2008.

A l’inverse, deux autres réunions m’ont renforcé dans l’idée que les citoyens de notre cité sont tout à fait mûrs pour être les acteurs majeurs d’une véritable démocratie participative qui les verrait prendre leur destin en main.

Ainsi, la semaine dernière, au Théâtre de la Photographie, les élus municipaux ont fait le bilan de la concertation menée sur l’avenir des terrains libérés par le déplacement du stade du Ray (lire, sur ce blog, « Il n’est pire sourd… »). En fait, une fois de plus, ce sera l’occasion de botter en touche pour une Mairie qui ne veut rien dire de ses projets probablement déjà bouclés par les technocrates de la Métropole. Par contre, il existe un vrai projet citoyen élaboré par l’ensemble des comités de quartier de Nice Nord (lire, sur ce blog, « Démocratie participative au Ray »). Ce projet équilibré et réaliste serait, comme je l’ai rappelé ce soir-là, une bonne base de discussion. A ce jour, jamais le Maire ne l’a pris en compte.

Autre exemple : au CAL Notre-Dame, la toute nouvelle association « Sauvegarde du square Colonel Jeanpierre » nous avait conviés pour nous présenter son contre-projet à l’aberrant programme de rénovation du quartier Trachel (voir, sur ce blog, « Les indignés du 42 Bis »). Là encore, les propositions sont innovantes, raisonnables et bien moins coûteuses que le projet initial de la Métropole (voir le schéma ci-dessous).

Du Ray à Trachel, les citoyens proposent. Il serait bien peu démocratique que la Mairie dispose.


25 novembre 2012

Moisson automnale




Quelques films grapillés dans les salles niçoises ces dernières semaines.

Dans la maison, François Ozon (France)

Un lycéen s’immisce dans le foyer d’un de ses camarades de classe pour observer sa famille et en fait le récit dans de surprenantes rédactions remises à son professeur de français. Ce dernier, grâce à cet élève hors norme mais doué, reprend goût à l’enseignement et va l’encourager. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur sa vie professionnelle et personnelle.

Sur le thème du voyeurisme, voire sur celui, adjacent, de la crise de l’école, on aurait aimé un face à face plus vénéneux. Le jeune Ernst Unhauer et Fabrice Lucchini (une fois n’est pas coutume) sont trop lisses pour un scénario qui demandait plus de perversité. Beaucoup plus. Seule Kristin Scott Thomas est vraiment à la hauteur, mais son rôle est secondaire.

Skyfall, Sam Mendes (USA)

La critique presque unanime avait salué ce 23e James  Bond comme étant un des meilleurs de la série. Je suis entièrement d’accord avec elle. Dans des paysages à couper le souffle (Istambul, Shanghai la nuit, l’île de Hashima, la lande écossaise autour de Skyfall, le manoir des « Bond »…), James et son redoutable adversaire, Tiago Rodriguez alias « Silva », nous entraînent dans une histoire de cyber-terrorisme si haletante qu’à côté, la série 24 heures chrono semble avoir été tournée dans les années 60 aux studios des Buttes-Chaumont. Daniel Craig y a une présence incroyable et Javier Bardem est un méchant hallucinant. Or chacun sait l’importance du « méchant » pour réussir un bon James Bond.

Et, cerise sur le gâteau, ou plutôt olive dans le cocktail, on retrouve avec émotion, dans la scène finale, la bonne vieille Aston Martin DB5 bourrée de gadgets un peu ringards qui dormait apparemment dans un garage écossais depuis la période Sean connery. Nostalgie, quand tu nous tiens !

Comme des frères, Hugo Gelin (France)

Charlie, une jeune scénariste talentueuse vient de mourir. Trois hommes qui lui étaient apparemment très attachés (même s’ils appartiennent à des générations différentes) décident de faire le voyage en Corse qu’ils s’étaient promis de faire avec leur amie lorsqu’ils avaient appris sa maladie. Le road movie est devenu un genre à part entière, il permet en général de réaliser des films chaleureux et émouvants à défaut d’être ambitieux. C’est tout à fait le format de Comme des frères, qui nous permet en plus de découvrir dans des premiers rôles trois nouveaux visages du cinéma français : François Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle, Pierre Niney. 

22 novembre 2012

La fin des militants


En versant un torrent de larmes sur ces pauvres militants UMP scandalisés, humiliés, trompés, les médias sont une fois de plus à côté de la plaque. Exactement comme en 2008 quand ils faisaient passer en boucle des images de militants socialistes supposés être consternés par le choc Aubry-Royal.

La vérité est qu’à part une minorité d’idéalistes souvent âgés, il n’y a pratiquement plus de militants, au sens classique du terme, dans les partis de gouvernement.

Avec la décentralisation et la multiplication des postes électifs à pourvoir, le mouvement initié par l’affadissement des idéologies s’est accéléré. Désormais, dans ces partis, on ne trouve plus que des élus et ceux qui aspirent à les remplacer. Dans leur sillage, une cohorte de supporters et de clients comme, par exemple, les employés de la collectivité dirigée par l’élu ou les responsables d’associations touchant une subvention de ce même élu.

Prenez les dernières élections internes de l’UMP ou du PS, retranchez des votants ceux qui appartiennent aux catégories que je viens d’énumérer, et vous vous retrouvez avec des effectifs squelettiques.

Mais, d’une certaine façon, s’il n’y a plus de militants, ce n’est pas grave car on ne milite plus dans ces partis : on n’affiche plus, on ne tracte presque plus, on débat du bout des lèvres entre les périodes électorales, c’est-à-dire presque jamais. Même la cotisation n’est plus essentielle depuis la mise en place du système de financement public des partis politiques.

Du coup, les véritables dépositaires de la ligne politique du Parti ne sont plus ses militants mais ses électeurs. D’où la pertinence des primaires ouvertes à la place des consultations dites militantes organisées par l’appareil. Cela constitue incontestablement une américanisation de la vie politique, mais avons-nous vraiment le choix ?

20 novembre 2012

Elections d’appareil : élections-magouilles




Le faible écart entre Copé et Fillon est presque un aveu : le scrutin ne pouvait pas échapper au candidat qui tient l’appareil du parti. Exactement comme il y a quatre ans, la victoire ne pouvait pas échapper à Martine Aubry (de quelques voix également), la candidate de l’appareil face à Ségolène Royal.

En fait, les élections militantes à l’intérieur d’un parti politique appartiennent à deux catégories :
- les élections sans enjeu, et en général, tout se passe bien avec un faible taux de participation ;
- les élections avec enjeu de personne, et dans ce cas, le candidat de l’appareil jouit d’un avantage considérable (choix des lieux, des horaires et des dates de vote, possession de fichiers, possibilité de régulariser certaines cartes au dernier moment, bourrage d’urnes, commission de recours aux ordres).

Pour ma part, je me suis trouvé confronté assez souvent à ce type de situation lors d’une vie antérieure au PS (pour une échéance importante, il y a quelques années, on m’a même avoué benoîtement une inversion du résultat…)

C’est la raison pour laquelle j’ai jeté l’éponge en 2007 pour l’investiture des municipales, sachant très bien que, comme Fillon, comme Ségolène, je serai battu des quelques voix nécessaires (un mois avant l’échéance, je ne connaissais toujours pas le corps électoral…).

Il faut donc éviter ces pseudos votes militants et suivre l’exemple du PS qui a su, par les primaires présidentielles, sortir du cauchemar du Congrès de Reims. Avec un corps électoral important, les manœuvres d’appareil perdent une grande part de leur efficacité et la démocratie interne devient ainsi une réalité.

A méditer.

18 novembre 2012

Le sermon sur la chute de Rome



N’en déplaise aux esprits chagrins, il n’est pas fatal que le Goncourt soit un mauvais livre choisi par défaut dans le petit cénacle des représentants des grandes maisons d’édition. Aussi, même si ce n’est pas une habitude, il m’arrive de lire le lauréat de l’Académie quelques jours après sa consécration chez Drouot (voir, sur ce blog, « Houellebecq ou le Goncourt Vache qui rit »).

Cette année, ma suppléante Joëlle Vacca, grande passionnée de littérature, m’a conseillé… et offert l’édition 2012 « Le sermon sur la chute de Rome » (Actes sud) de Jérôme Ferrari. Après lecture, je peux le dire sans ambages : ce livre – malgré une pagination assez réduite – est un grand livre.

L’histoire démarre comme un roman de Giono qui se déroulerait en Corse avant de basculer dans un universel troublant et dérangeant.

L’action se passe dans un village de l’Ile de Beauté où deux amis parisiens originaires de Corse décident d’abandonner leurs études (de philosophie) pour reprendre la gestion d’un bar perdu dans la montagne. Fidèles à Leibniz, ils veulent faire de leur rade « le meilleur des mondes possibles ». Mais, après une période idyllique, l’utopie va virer au cauchemar.

Aucune folklorisation qui aurait pourtant pu être encouragée par l’actualité insulaire même si l’un des héros « ne veut pas quitter son village pour aller s’enterrer dans un autre village désespérément semblable, accroché comme une tumeur au sol d’une île où rien ne change car, en vérité, rien ne change ni ne changera jamais ».

A des années lumière du roman provincial, Jérôme Ferrari fait de sa petite histoire de bistrot une somptueuse illustration du sermon de Saint Augustin, « Sur la chute de Rome », celui-là même qui explique la tragique propension de l’âme à se corrompre et la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient, « cette nouvelle inconcevable que des hommes existent encore mais que leur monde n’est plus ».

Paradoxale, l’écriture est à la fois sèche et riche, brutale et sophistiquée. Elle est parfaite pour disséquer tout un monde pathétique et même dérisoire aux prises avec un destin de tragédie grecque.

A lire. Le plus vite possible.

17 novembre 2012

Fragments aux Enfants du Paradis


Avec Valérie et Eric, les enfants du paradis

Après l’Alphabet historique du boulevard Carabacel, la Blackbox du CAL Bon Voyage et ses 300 places et le nouvel Alphabet de la rue Delille, c’est au tour du théâtre « Les Enfants du Paradis » au centre de Sophia Antipolis d’accueillir « Fragments de Nice » pour une énième reprise.

Perdu au milieu de la forêt, l’endroit est à la fois insolite et un peu mystérieux. Plus prosaïquement, c’est un bonheur en matière de stationnement. La salle elle-même est chaleureuse. Si l’on ajoute que ce vendredi Bernard et Peggy ont montré une forme éblouissante, il n’y a donc aucune raison que vous ne veniez pas assister à la deuxième représentation ce samedi à 20 h 30.

Bernard et Peggy

14 novembre 2012

Les états généraux du square Jeanpierre




Ce devait être un simple rendez-vous avec les indignés du 42 Bis (voir sur ce blog) pour faire le point sur la mobilisation contre l’aberrant projet technocratique de la Métropole dans le secteur Trachel (pour faire simple : détruire un grand jardin pour construire des immeubles et, en échange, casser un fier et bel immeuble pour réaliser un petit jardin). Quelle ne fut pas notre surprise, avec Patrick Allemand qui représentait la Région, de voir près d’une centaine de personnes, toutes générations confondues, dans le square Jeanpierre, lieu emblématique du quartier où se retrouvent régulièrement troisième âge, enfants et boulistes…

Du coup, ces états généraux improvisés deviennent le symbole de la lutte de tout un quartier contre l’arrogance de la Métropole et l’entêtement du maire.

Les cahiers de doléances, euh… excusez-moi, la consultation publique étant ouverte, il s’agit, et l’assistance l’a bien compris, de se battre, de mobiliser, et de faire reculer la municipalité comme celle-ci l’avait fait, par exemple, pour le parcours du tram sur la Promenade des Anglais.

Pour ma part, j’ai confirmé qu’en tant que conseiller général du 5e canton mitoyen, j’apportais mon soutien – et même un peu plus – à cette foule magnifique.

Que la municipalité prenne garde : pour ne pas avoir compris le sens des états généraux, certains se sont retrouvés confrontés à un 4 août…

12 novembre 2012

Le bateau de Thésée



 Le bateau de Thésée est remorqué dans un chantier naval pour réparation. De fil en aiguille, les travaux sont plus importants que prévu. Chaque vieux morceau de bois ou chaque morceau de structure est au fur et à mesure remplacé par un neuf. Le travail fini, le bateau reprend la mer. Cependant, un petit malin, ingénieux et travailleur, avec probablement des idées de Vendée Globe dans la tête, récupère les anciens morceaux jetés et les assemble à nouveau. Le bateau reconstitué est mis à la mer. Lequel de ces deux navires est à présent le vrai bateau de Thésée ?

Bon, maintenant, considérez un instant que toutes les cellules de notre corps sont remplacées avec le temps. L’homme est-il donc un ensemble de morceaux de matière ou une manière continue d’organiser la matière en constant renouvellement ?

J’adore la philosophie quand elle nous demande de répondre à des questions qu’on ne se posait pas…

09 novembre 2012

A propos des municipales



 Suite à l’article de Nice-Matin du 8 novembre 2012 (Municipales : vers des primaires à gauche ?), il semble bien que le débat sur les prochaines élections municipales à Nice soit lancé.

Pour ma part, je fais le constat suivant, en partant du principe que, dans un contexte national difficile, le rassemblement sera plus que jamais nécessaire. 

- Si rien ne change par rapport aux procédures actuelles, il est évident que la tête de liste sera un socialiste désigné par son appareil. C’est la logique du système.

- Par contre si, comme le demande Marc Concas de l’intérieur du PS, il y a des primaires, le jeu est forcément plus ouvert puisque des milliers de citoyens pourront s’exprimer et affirmer leur choix. Cette formule a par ailleurs l’avantage de créer une dynamique pour l’élection elle-même, la victoire de François Hollande en étant la preuve.

Les partenaires du PS sont forcément favorables à cette option, mais c’est au parti le plus important de franchir cette étape indispensable pour la démocratie locale pour que la victoire demeure possible.

Affaire à suivre.

07 novembre 2012

Forward Obama





Il est 5 h 18 du matin (heure française), quand l’Iowa, ce petit état que nous avons traversé en une seule journée l’été dernier apporte ses 6 voix pour permettre à Barack Obama de franchir le cap décisif des 270 grands électeurs. La victoire est enfin acquise au bout de la nuit.

Pour nous, c’est un moment de bonheur comme la vie politique en offre peu. Pourquoi cela ?

- D’abord, parce qu’avec les copains de Gauche Autrement, nous nous sommes investis pour Barack Obama dès qu’il a émergé du complexe paysage de la vie politique américaine (voir, sur ce blog, « I have a dream for november », « Yes they can », « CLAJ sur Potomac », « Nuit blanche à Seattle », et sur celui de Dominique Boy Mottard, « Obamasséna »). La soirée organisée en 2008 dans la galerie de notre ami Christian Depardieu pour l’élection, avec notre colistière Irène en duplex de New York, peut en témoigner (voir, sur ce blog, « Le premier jour de l’après 4 novembre », et sur celui de Dominique, « Obama président : nous y étions !).

- Ensuite, parce que si on examine le programme d’Obama, celui de Romney, et le contexte économique, social et sociétal de l’élection, on a le sentiment d’être en France au mois de mai dernier. Dès lors, je ne vois pas comment un électeur de François Hollande – ce que je fus – peut-être autre chose qu’un supporter fervent du Président américain sortant.

- Mais, enfin et surtout, si la victoire de Barack est si belle, c’est qu’elle est celle de l’Amérique qu’on aime : celle de la Déclaration d’Indépendance, du New Deal, du D Day, du I have a dream, de Woodstock, du premier pas sur la lune, de West Wing et de toutes les nouvelles frontières…

Alors, comment ne pas approuver « le boss » Bruce Springsteen lorsqu’il a affirmé, lors du dernier meeting de campagne que la réélection d’Obama sera la meilleure façon de continuer à réduire la distance entre le rêve américain et la réalité américaine ?

Forward, Obama !


04 novembre 2012

Voyage en Mitterrandie


Au Mont Beuvray

C’est l’histoire d’un voyage générationnel et amical que seule notre laïcité militante nous a empêchés d’appeler pèlerinage.

C’est en fait l’histoire de quatre jours en Mitterrandie profonde.

Tout commença à Mâcon, par une soirée au Saint Laurent, ce restaurant du bord de Saône qui vit en 1993 François Mitterrand partager au soir de sa vie un repas avec Mikhail Gorbatchev.

Puis, ce fut un matin l’ascension de la Roche de Solutré, haut lieu préhistorique, devenu à partir des années d’après-guerre, le prétexte, chaque dimanche de Pentecôte, à une randonnée intime avec famille et amis pour celui qu’on appellera pourtant plus tard le Promeneur solitaire.

Quelques heures après, c’est au cimetière de Cluny la médiévale que nous rendons hommage à Danielle, cette grande dame déjà un peu oubliée.

Enfin ce fut, le jour suivant, la montée vers le Mont Beuvray, l’éduenne Bibracte où Vercingétorix fédéra les tribus gauloises et où François Mitterrand eut un temps le désir de se dissoudre dans les paysages immuables du Morvan éternel.

Pour le final, c’est bien à l’Hôtel du Vieux Morvan de Château-Chinon que nous nous retrouvions. Devant le balcon célèbre sur lequel l’homme à la rose acta son triomphe un certain soir de mai.

Quatre jours en Mitterrandie, quatre jours qui ne furent en aucun cas le puits sans fond d’une nostalgie stérile mais l’opportunité de respirer à pleins poumons le grand air de l’Histoire, exercice on ne peut plus salutaire quand on prétend encore caresser l’espoir…

30 octobre 2012

Des nouvelles des nouvelles (2)




Au mois de juillet, sur ce blog, je vous avais parlé de ce recueil de nouvelles à la fois niçoises et fantastiques que j’étais en train d’écrire.

Aujourd’hui, je suis en mesure de présenter deux nouveaux extraits, preuve que l’ouvrage avance avec cinq histoires au compteur.


            De ce jour, j’étais à moitié mort. Bien sûr, personne ne s’en rendit compte car j’avais les gestes de la vie. Pendant cinq années, je fus un demi-vivant tout à fait fréquentable. Les qualités relationnelles qu’on m’avait toujours reconnues étaient apparemment intactes. Elles étaient même valorisées, on disait de moi : « Quel courage, quand même, après ce qu’il a vécu… » Parfois, le commentaire était plus fielleux : « Il s’est quand même vite remis… » Mais rien ne pouvait m’atteindre car j’étais devenu indifférent aux choses, aux autres, plus rien n’avait d’importance sans Marlène.
            Me retrouver dans la boîte n’est pas traumatisant car il y a bien longtemps que j’ai fait la moitié du chemin. (Colomars, l'amour, la mort)


            La vie n’avait pas été facile pour Mauricette depuis la mort de son mari, victime d’un accident du travail dès l’ouverture de l’usine de construction de chariots élévateurs construite sur la Prospect Lénine (ex « Promenade des Anglais ») lors du premier plan quinquennal.
            Il est vrai qu’à l’époque, on s’était moins intéressé aux dispositifs de sécurité de l’usine qu’à la grosse colère des camarades bulgares qui estimaient que, dans le cadre de la division internationale socialiste du travail, ils avaient le monopole de la production de chariots élévateurs.
            Après quelques réunions houleuses et l’arbitrage du Comecon, la querelle avait été réglée par le jumelage du Mont Vitocha, sur les hauteurs de Sofia, avec la colline du Château de Nice. Cet accord permit chaque année de donner l’occasion à des camarades responsables bulgares de venir reconstituer leur force de travail dans les somptueuses datchas de la Riviera, et chacun fut satisfait de ce gentleman agreement à la sauce internationaliste. (1er mai, Place Maurice Thorez)